Thierry Tourmel, Jean-Louis

Thierry Tourmel, Jean-Louis, v. 2014, collection de l’artiste.

   

Deux mots comme titre qui sonnent juste et signalent une proximité. Jean-Louis, un prénom pour distinguer un individu, une personnalité, un homme travailleur et économe qui réprouve l’exagération baroque. Cette sobriété est à la source d’un ensemble photographique qui tient du flagrant délit : des instants propices pour forger l’essence d’un portrait. 
L’agilité du photographe de reportage infuse dans l’œuvre de Thierry Tourmel. Prendre sur le vif, fixer rapidement une impression fugitive lui offre la possibilité de saisir discrètement les traces du chaos quotidien.

Il s’affirme témoin d’un environnement particulièrement saisissant et représentatif d’une  atmosphère issue de nos intérieurs, d’images, de souvenirs familiers d’un moment de la vie.

 Il opère par prélèvement dans l’accumulation des strates familiales. Pas de dénonciation ni de critique appuyée; ses cadrages captent la dimension et la respiration du calme, la singularité de la lumière. Sans nostalgie inutile, il interroge notre regard au moyen d’axes capables de solliciter notre pensée. Creusant un sillon humaniste, il y ajoute la couleur et  s’attache à saisir les images d’un petit paradis, celui que chacun d’entre nous se construit.    

L’essentiel du style documentaire est mobilisé pour nous donner accès à un « à-venir ». 

On évoque souvent l’enregistrement objectif par la photographie, mais cette objectivité est remise en cause dès la moitié du XIXe. L’ambivalence est ainsi source de réflexion entre art et document. On découvre le pittoresque dans les choses les plus quotidiennes. La subjectivité de l’artiste permet ici d’enregistrer l’invisible, l’immatériel.

Dans cette situation, Thierry Tourmel organise la combinaison d’une multitude de détails pour élaborer des œuvres harmonieuses et nous inciter à voir d’un œil neuf la beauté d’une scène familière. Il crée une atmosphère à partir de sujets ordinaires, d’objets inanimés dont il sait capter le mystère et l’intime. Le traitement des couleurs et des textures fait jaillir de ces polychromies sourdes des éclats colorés qui structurent ses clichés. La subtilité des teintes ternes, des bruns, des ocres et des gris offre à notre œil des images savamment raffinées. L’artiste illumine des objets dérisoires, à la fois envahissants et périssables, qui évoquent une tranche de vie.

Sans anecdote ni drame, il transfigure les éléments pour extraire de ses prises de vue des compositions exquises.      

Une banalité sans fard accentue les effets de la pénombre. Des éclats de lumière, tant naturelle qu’électrique, mettent en évidence la singularité de l’éclairage de ce microcosme. Le photographe aspire à prélever plus que le prétexte photographique à la recherche de l’intemporel.

Il réalise une série qui prend sens et s’enrichit par la maîtrise d’une atmosphère picturale. 

Une photographie qui magnifie les scories de la vie en allant du particulier à l’universel. 

Gilles Boussard, Catherine Blondel

La Teinturerie, 9 rue des Teinturiers, Caen

Du 27 septembre au 23 octobre 2025
du mardi au vendredi, 14h-19h
samedi, 11h-19h

vernissage, samedi 27 septembre 2025, 11h
visite commentée, samedi 11 octobre 2025, 11h
finissage, mardi 21 octobre 2025, à partir de 17h

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